La Montagne Bourbonnaise

Sportifs et moins sportifs prendront plaisir à sillonner cette région à pied grâce aux sentiers de grande randonnée. Ils découvriront un pays couvert de forêts, de sommets s’élevant hardiment au-dessus des vallées où abondent ruisseaux à truites et pittoresques petites cités.

Le Bourbonnais est un pays de bocage, parfois semé de collines, qui étend ses paysages à perte de vue, un pays où se mêlent parfois à l’horizon le ciel et la terre. Mais à l’est de Vichy, entre plaines de la Limagne et de la Loire, s’élève pourtant une montagne : la Montagne Bourbonnaise.

Une montagne qui, dans ses prolongements des Monts de la Madeleine et des Bois Noirs, culmine à près de 1.300 mètres au puy de Montoncel, surnommé « le toit de l’Allier ».

Mal identifié, à l’écart et secret, ce pays, partagé par la vallée de la Besbre et celle du Sichon donne l’impression d’être tenu à l’écart, au bout de nulle part. Les qualificatifs qui décrivent cette région sont parfois durs. Oubli, abandon, solitude, isolement, ils choquent ceux qui se battent pour leur pays ou simplement ceux qui y vivent.

En montant de Vichy, le dénivelé surprend de même que la nature sauvage du paysage. Cela peut paraître étonnant, mais ici, au cœur de vastes et profondes forêts de pins douglas, s’étend un beau domaine skiable. La Loge des Gardes, classée centre de ski nordique, est la station la mieux équipée. Ses quatre téléskis et ses kilomètres de pistes permettent, chaque hiver, à des milliers de descendeurs ou de fondeurs de s’adonner aux joies de la glisse.

Les hauteurs de cette terre autorisent des points de vue remarquables sur cette vaste lande mordorée, semée de fougères et de genêts, coupée çà et là par quelque murets sans âge. Lorsque le brouillard consent à se dissiper, toute la splendeur du paysage éclate alors au regard et ces mers de nuages surgissant du fond des vallées renvoient un indicible sentiment de beauté originelle. Le givre accroché en fine dentelles aux branches d’arbres ou en toiles d’araignée sur des barbelés bordant une impossible route menant vers nulle part, donne une idée assez juste de la rigueur du climat hivernal.

C’est dans ce pays aux légendes aussi nombreuses que les rochers aux noms évocateurs de « pierres percées », « pierres à bassins » ou « pierres branlantes » qu’Emile Fradin, labourant un champ, découvrit en 1924, des tombes préhistoriques contenant des centaines d’objets et des tablettes manuscrites dont on ignore le sens, bousculant de fait tout ce que l’on pouvait savoir des origines de l’écriture. Cette découverte le propulsera d’ailleurs au centre de l’une des plus âpres querelles archéologiques de l’histoire. Glozel aux tablettes énigmatiques garde l’essentiel de son mystère et laisse la voie ouverte à toutes les interrogations possibles sur le sujet. Connaîtra t-on jamais l’origine de ces hommes dont Emile Fradin mis au jour les ossements, objets usuels et reliquats de la vie quotidienne ? Le musée familial qui réunit quelques 3.000 objets trouvés sur le site, mérite une visite à défaut d’y trouver une réponse.

Mais au-delà de toute polémique, le pays reste empreint du souvenir vivant de ces communautés familiales installées dès le Moyen-age qui avaient édifié entre autre chef-d’œuvre, l’église de Châtel-Montagne, défriché la montagne jusqu’à ses confins, érigé en règle de vie la pratique de l’accueil et de la charité.

Dépositaires de la mémoire de leurs aïeux, les habitants d’aujourd’hui se souviennent encore des temps où, lorsque dans les années soixante sous l’étiquette Charrier, l’eau de la Bonne Fontaine faisait le bonheur de tous. Aujourd’hui encore cette eau reste d’une pureté chimique exceptionnelle. Ce devoir de se souvenir, de préserver à défaut de prospérer a conduit à la création d’une  » route des musées « , un ensemble de lieux rares et insolites ou s’empilent les souvenirs.

Il y a peu encore, Châtel-Montagne était voué à l’oubli, à une mort certaine. Aujourd’hui, le village a retrouvé force et dynamisme et les habitants de coin du Bourbonnais ont fait leur cet adage bien connu de tous : « A l’impossible, nul n’est tenu »

La Montagne Bourbonnaise, empreinte de charme et de poésie, où le temps semble ne plus avoir cours, résonne encore de cette formule d’espérance : Et si c’était possible ?

 

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